Datacenters et consommation d'eau : ne supprimez pas vos emails pour rien

Datacenters et consommation d'eau : ne supprimez pas vos emails pour rien

J'ai récemment lu un article intéressant sur Korben concernant la consommation d'eau des datacenters et j'ai trouvé important de partager ces informations avec vous, surtout face à certaines idées reçues qui circulent.

Vous avez peut-être entendu cette recommandation du gouvernement britannique suggérant aux citoyens de supprimer leurs emails et photos pour économiser l'eau ? Cette initiative, bien qu'animée de bonnes intentions, semble reposer sur une compréhension erronée de la façon dont les datacenters consomment réellement l'eau.

En tant que développeur travaillant quotidiennement avec des technologies cloud, je trouve essentiel de comprendre l'impact environnemental réel de nos infrastructures numériques. Alors, qu'en est-il vraiment ?

La réalité de la consommation d'eau des datacenters

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, supprimer quelques emails ou photos n'a qu'un impact négligeable sur la consommation d'eau des centres de données. La véritable source de consommation se trouve ailleurs : dans les systèmes de refroidissement.

Les datacenters génèrent énormément de chaleur et nécessitent donc des systèmes sophistiqués pour maintenir leurs équipements à une température optimale. C'est là que l'eau entre en jeu, mais de différentes manières selon la technologie employée :

  • Refroidissement par évaporation : dans ce système, l'eau s'évapore dans l'atmosphère, ce qui entraîne une perte directe et une véritable consommation.
  • Refroidissement adiabatique : ici, l'eau traverse le système, se réchauffe de quelques degrés puis est rejetée. Elle n'est pas véritablement "consommée" mais plutôt "utilisée".

L'osmose inverse : un processus gourmand en eau

Un autre aspect souvent méconnu concerne la purification de l'eau utilisée dans ces systèmes. L'osmose inverse, technique couramment employée pour purifier l'eau des datacenters, génère des déchets et consomme paradoxalement plus d'eau qu'elle n'en purifie. C'est un facteur significatif dans l'empreinte hydrique globale des infrastructures numériques.

L'IA : un nouveau défi pour la gestion de l'eau

L'essor de l'intelligence artificielle, bien que porteur d'innovations passionnantes sur lesquelles je travaille régulièrement, entraîne également une augmentation notable de la consommation d'énergie et d'eau des datacenters. Les modèles d'IA nécessitent une puissance de calcul considérable, ce qui génère davantage de chaleur et donc un besoin accru de refroidissement.

En développant des applications mobiles avec Flutter ou des solutions web, j'essaie toujours d'optimiser les ressources utilisées, mais il faut reconnaître que l'infrastructure sous-jacente reste énergivore.

Des solutions plus durables existent

Heureusement, l'industrie explore des alternatives plus respectueuses de l'environnement :

  • Free cooling : cette méthode utilise l'air extérieur pour refroidir les équipements, réduisant considérablement la dépendance à l'eau.
  • Refroidissement par immersion : les serveurs sont plongés dans un liquide non conducteur qui absorbe la chaleur, éliminant le besoin d'eau pour le refroidissement.

Ces technologies représentent l'avenir d'une infrastructure numérique plus durable, et certains grands acteurs du cloud les adoptent déjà.

Que pouvons-nous faire en tant que développeurs ?

Au lieu de supprimer frénétiquement nos emails (ce qui, nous l'avons vu, n'a qu'un impact minime), nous pouvons adopter des approches plus efficaces :

  • Optimiser nos applications pour réduire leur empreinte énergétique
  • Choisir des hébergeurs qui utilisent des technologies de refroidissement efficaces
  • Concevoir nos architectures pour minimiser la puissance de calcul nécessaire
  • Sensibiliser nos clients et collègues à ces enjeux

Dans mes projets de développement web et mobile, j'essaie d'appliquer ces principes, même lorsque j'utilise des plateformes no-code comme Webflow ou Bubble qui abstraient une partie de l'infrastructure.

Conclusion

La prochaine fois qu'on vous suggérera de supprimer vos emails pour sauver la planète, vous pourrez expliquer que l'enjeu est ailleurs. La véritable solution passe par l'adoption de technologies de refroidissement plus efficaces dans les datacenters et par une conception plus responsable de nos applications.

L'impact environnemental du numérique est réel, mais pour le réduire efficacement, nous devons comprendre où se situent véritablement les problèmes et agir en conséquence.